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De rêves et de plumes

L’écriture a croisé ma vie, un jour, par hasard, ce ne fut pas la visitation de l’ange au petit matin mais quelque chose de tardif et plutôt imprévu. Si vous parcourez mon blog vous trouverez quelque part l’histoire cette rencontre qui m’invita un soir à l’écriture, car ce ne fut pas une révélation mais une invitation, un geste d’amitié qui continuent à accompagner ma vie. Dans ce blog vous trouverez des lieux, et parfois mêmes des lieux communs, des états d'âmes aussi et , j’espère, un peu de style.

Un concours de sincérité

Un concours de sincérité

Je dois vous faire part de ma surprise, car en effet c’est une surprise et pas seulement un étonnement, une totale et absolue surprise : ils sont vraiment tristes. Entendez pas seulement affligés ou désolés mais vraiment triste, le chagrin absolu et un rien bruyant avec les larmes et les sanglots. Honnêtement je dois vous l’avouer : je n’en reviens pas. Non pas que j’avais quelques doutes quant à leur attachement, si lâche fut-il, après tout nous ne sommes pas des animaux, nous avons des sentiments, de temps en temps c’est un luxe que nous nous autorisons. Masi je voyais cet attachement surtout et avant tout comme une sympathie raisonnable comme seules la pitié et la commisération savent en susciter. Un peu comme ce petit mouvement gêné que l’on peut avoir devant le tas de cartons qui sert d’abris au sans abri qui s’y est tapi.

Pour tout vous dire ils m’épatent littéralement, un tel désespoir si largement et bruyamment exprimé, et avec autant de sincérité, permettez que j’insiste sur ce point, je n’en reviens pas. Du coup j’en suis un peu gêné, mais aussi ravi, entre nous, nous n’allons pas nous mentir, et de toute façon à ce qu’il me semble nous ne pouvons pas.

Voyez-vous je trouve tout cela extrêmement touchant et ils me font là une très bonne surprise, en d’autres circonstances mon premier mouvement aurait été de croire à une blague, une sorte de Poisson d’Avril sous forme d’happening collectif, vous voyez le genre ? Mais là à coup sur je peux parier sur leur sincérité, évidente et indiscutable. Je vous vois l’air dubitatif, cela vous va assez bien d’ailleurs, si vous me permettez tout à l’heure j’ai noté l’ébauche d’un sourire, honnêtement cela ne vous va pas du tout, sévère ou effrayant, vous convient et même vous sied à ravir mais souriant, non, laissez tomber.

Pardonnez cette digression je reviens à ma démonstration, car il y a là des indices clairs et concordants qui démontrent la sincérité des personnes ici présentes.

Tout d’abord le débit étonnant de ce flot inaccoutumé d’activité lacrymale, au moins pour l’un d’eux les larmes ce n’est pas son truc, cela fait mauvais genre, pas homme , pas masculin affirmé et triomphant, trop extraverti, manque de retenu, de contrôle, vous voyez le topo, notez qu’au quotidien le garçon est charmant et même drôle, dans une certaine mesure, certes il ne vous viendrait pas à l’esprit de passer une soirée avec lui, sauf cas désespéré de grève de transport ou de panne d’ascenseur, mais dans le contexte assez classique de ces moments de grande banalité que la société a le génie de nous imposer, l’individu sait ne pas être déplaisant.

Je vous vois toujours sceptique, vous êtes dur à convaincre, si je vous dis que nous ne sommes pas le premier Avril, je doute que vous preniez cela comme un argument imparable, et pourtant parfois des évidences calendaires qui s’imposent à tous. Mais vous avez raison, ne pas être le 1er Avril ne suffit pas à démontrer que tout ceci est sérieux.

Je passerai donc sur les larmes de notre homme et la date du 1er Avril, et j’arriverai aux sanglots de celle qui à coté de notre mai larmoyant, vous la voyez n’est-ce pas, il est vrai qu’il est difficile de na pas remarquer cette robe couleur fuchsia , ou peut-être fraise tagada, avec cette extraordinaire coupeau façon fourreau qui souligne si indiscutablement un penchant prononcé pour les sucreries , vous noterez que l’on peut suivre avec précision la naissance et le développement de ses sanglots et hoquets, c’est étonnant comme l’ensemble du corps y participe : telle une houle qui part du haut de la poitrine pour se aller mourir presque sur le haut du genoux, quand je dis mourir c’est une close de style.

Je vous vois toujours sceptique, je vous trouve de mauvaise foi, d’autant que je peux vous faire remarquer mille autres détails, celui-là prostrés dans son coin, ces deux accrochés l’un à l’autre, shouinant leur désespoir, vous n’êtes donc pas convaincu ?

Et elle ? Elle qui ne dit rien, qui ne pleure pas, n’émet aucun sanglot, semble à peine présente, mais qui figée dans sa douleur, exprime dans son regard ce désert insupportable que laisse derrière elle la vie quand elle s’enfuit loin de nous.

Vous opinez enfin, nous sommes donc d’accord il n’y a là aucune convention, aucun jeu, aucun faux-semblant, aucune comédie, rien qu’une insondable tristesse vraie et donc un rien bruyante et d’ailleurs je le regrette, tout comme vous je suppose mais ce sont là des choses qu’il faut savoir accepter.

Ah ! Je vous sens impatient, vous trépigner, il nous faut déjà partir, eh bien nous allons les laisser, finalement tout ceci aura quelques bénéfices n’est-ce pas ? Je ne sais pas pour vous mais quand je me regarde et que je m’observe, je me trouve une certaine élégance, la chemise, blanche, décontractée qui s’harmonise plutôt de façon heureuse avec le pantalon, des tons clairs, c’est l’été, tout ceci est de saison. Il faut que je vous dis, je m’étais posé la question des chaussures, mais que voulez-vous une vieux réflex de maniaque, je les ai laissées bien rangées au pied du lit, je n’ai aucune certitude mais j’imagine qu’ils me les mettront quand ils enlèveront le corps.

Je vous sens encore chagrin d’avoir été obligé de vous déplacer plus tôt que prévu, vous finirez par me pardonner cet inopportun écart dans votre agenda si bien ordonné, que voulez-vous j’ai préféré devancer notre rendez-vous, vous admettrez qu’à l’échelle du temps ce n’est pas grand-chose.

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